La balade Itous
Que de bons souvenirs en cette fin juillet, le Balaïtous s’est fait apprivoiser grâce à une météo favorable au moment de l’ascension et une bonne leçon d’escalade et de désescalade...
La montée dans les nuages. Les météorologistes nous ont annoncé une mer de nuage en piémont qui devait se dégager en milieu de journée et laisser la place à une tempête de ciel bleue. Quel menu ? Cette fois-ci, il n’y a pas eu d’erreur hormis le milieu de journée très tardif… Nous sommes donc partis : Helène, Véronique, Daniel, Jean-Bernard, Jonathan et moi (Laurent) par la vallée de Larribet en partant du barrage du tech. La bavante (grimpette longue et parfois peu intéressante) jusqu’au refuge de Larribet ne fût guère plaisante. La brûme ne laissait pas apparaître la beauté de certains passages comme le jardin japonais ni les nombreux lacs d’altitude. Et oui, d’altitude car du parking au refuge, le dénivelé dépassait les 600 mètres. A midi, nous étions à 2000m, juste à point pour déjeuner dans le refuge au sec. Ce moment fût déterminant pour la suite de notre expédition. Les conditions de neige sont exceptionnelles et dangereuses. En effet, la fonte tardive des neiges crée des rimayes larges et profondes sur un glacier qui fond qui fond … Le gérant du refuge nous a bien prévenu et déconseillé les voies par la diagonale et la cheminée de Las Néous. Il ne reste plus que le chemin des espagnols et la brêche des Isards. Ce n’est pas le moment de parler du changement climatique mais indirectement il rend la montagne de plus en plus hostile aux grimpeurs de tous niveaux. Après une lutte épique entre un carnivore et un ours pyrénéen, nous avons pris la direction du col noir sans trop voir devant nous. Mais à partir de 16heures, tout commença à changer, le ciel s’ouvrait enfin et laissait apparaître les cîmes et glaciers. Il ne restait pas grande distance à parcourir mais il fallait absolument faire un détour au col du genépi. Malheureusement, la récolte ne fût pas trop fructueuse par manque de maturité.
Au delà des nuages A 18heures, enfin le col noir, il restait à gravir les derniers mètres de neige pour aller à l’abri Michaud. Quelle splendeur, nous étions sur la mer de nuages, comme les grands sommets : l’Ossau, le Palas, les Frondella. Avec le soleil couchant et notre exposition plein ouest, nous apprécions cette fin de journée. A cette altitude, il n’y avait guère d’eau. Nous avons pris alors 2 options, celles des fainéants : en gros la fonte de la neige et celles des bosseurs : redescendre 200m pour trouver le premier torrent. Nous avions assez d’eau pour le repas. Pour des soucis de satiété hydraulique, deux travailleurs se sont dévoués pour redescendre chercher de l’eau. Après le coucher du soleil, à 2700m, il en était fini de la fonte des neiges… Une dernière vue crépusculaire et la contemplation des sommets atlantiques et espagnols nous introduisaient la nuit. Il en était fini du confort des basses terres. L’abri Michaud protège de la pluie mais surtout pas du froid. Malgré une concentration humaine élevée, le tapis de cailloux, la bise et le froid nous ont rendu la nuit très difficile. Cela a peut être expliqué une heure de retard au démarrage le lendemain matin.
Un 360° dans une tempête de ciel bleu Une bonne semoule de pays glacée et du thé et nous revoilà parti pour les 450 mètres nous séparant du balla. C’était absolument féerique, pas un nuage, l’horizon était dégagé à perte de vue. Après 45 minutes de sentier alpin, nous avons abordé les premières difficultés en 3 cordées de deux par l’arête Pack-Russell, la seule voie « normale » restant praticable. A part 2 endroits sans trop de prises surtout en « grosses », la montée ne fût pas trop difficile. Nous sommes arrivés au sommet à 12h00. C’était pratiquement l’heure prévue. Plutôt qu’un long discours, quelques photos illustreront l’étendue des pyrénées. En effet, le ballaitous est un véritable belvédère. Le Vignemale, le massif de Gavarnie Taillon en tête, l’Aneto, les Posets mais aussi le Pic d’Anie étaient si visibles qu’il ne pouvait y avoir de confusion surtout pour Daniel.
Une desescalde trépidante Après une bonne pause déjeuner et photos, le choix de descente était un peu indécis, il fallait tester les 3 voies en tenant des conseils de la veille. La diagonale très enneigée a été éliminée sans tentative. La deuxième option, l’arrête rejoignant la Brèche Peytier Hossard fut tentée mais nous avons reculé : c’était vertigineux et nous ne savions pas trop ce qu’il y avait en dessous. Nous sommes remontés et avons pris la voie « déconseillée ». La rimaye était vraiment ouverte par contre la cheminée était facile à redescendre mais jusqu’où… C’était un pari. « Descendre et devoir remonter si la rimaye rendait les derniers pas trop dangereux ». Il y avait tout de même un certain plaisir, une notion d’aventure qui nous grisait un peu. Nous n’avions plus envie de reculer et avions confiance en nos guides. L’avantage de la descente par la cheminée est qu’elle soit équipée et tout particulièrement pour la descente en rappel. Cela nous a pris du temps, probablement par le nombre de cordées, les changements de cordes la sécurisation des rappels, mais que vaut le temps par rapport à des vies. Nous arrivions à la rimaye tant attendue mais aussi tant crainte. Et là, il y avait de bonnes raisons. En effet, ce n’était surtout pas une petite crevasse. Elle faisait au moins 5 mètres de profondeur et plus délicat encore au moins 3 m de large. Il était très difficile « d’atterrir » sur le glacier. Daniel est descendu en premier pour évaluer la difficulté et rechercher le meilleur endroit pour se poser. Il fallait en avoir … Daniel nous a taillé une petite plateforme pour nous faciliter le passage sur l’autre lèvre de la rimaye après la réception du dernier rappel. Ouf la phase dangereuse était passée !
Un monde de neige Il y a de la neige sur les sommets mais aussi sur les glaciers. Aux dires de « vieux » rolliste, la neige n’a jamais été présente aussi bas dans la vallée. Les glaciers sont pentus particulièrement au bord de la rimaye. Ce fut une descente rapide car la neige se prêtait à déchausser vite les crampons. Il est maintenant plus possible de la faire dans l’autre sens, la rimaye est devenue une muraille. Quelques isards nous ont montré l’art de la vitesse et agilité sur glaciers ; pauvres humains … Nous sommes revenus par la vallée d’Arrens normalement plage herbeuse mais actuellement plutôt marécageuse. Enfin dernière bavante, descente encore longue, longue : arrivée à 9heures 30. Voilà un petit résumé d’une balade bien itous, composée par Laurent et l'équipe. Laurent GABORIAU
Vous pouvez retrouver l'abum des photos de cette course, prises par Jean-Bernard, à la page suivante: http://gmcbrasso.free.fr/JB_Balaitous_2008/album/index.html
Et pour en apprendre un peu plus sur ce beau sommet: http://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_du_Balaitous
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